On aurait tort de croire que les miracles de Jésus ne sont que des tours de prestidigitateur destinés à gagner l’admiration des foules ! Ce serait une erreur de penser que, soit le miracle est explicable « rationnellement », soit il n’a pas eu lieu. Car même quand il peut y avoir explication rationnelle de l’événement, il reste extraordinaire que le fait se passe à ce moment là, dans ce cadre là. Et s’il n’y a pas d’explication, nous sommes obligés d’admettre que la science nous explique comment la nature fonctionne « normalement » mais qu’elle ne pourra jamais nous dire pourquoi elle ne pourrait pas fonctionner autrement en cas d’intervention extérieure.
« Pour expliquer n’importe quel phénomène, il nous faut admettre que l’univers est une affaire qui marche, une machine qui fonctionne – mais de façon particulière. Puisque cette façon particulière de fonctionner est la base de toute explication, elle ne peut jamais être expliquée elle-même. Nous ne voyons aucune raison pourquoi la machine n’aurait pas pu fonctionner autrement »(C.S Lewis, Dieu au ban des accusés, 1982).
Regardons les miracles de Jésus de plus près : il ne fait pas de miracle pour lui-même (il a faim, soif, est fatigué et ne règle pas ses problèmes d’un coup de baguette magique) ni pour épater la galerie (il refuse de faire des miracles sur commande). Et quel est le résultat de ses miracles ? La foi chez une minorité, une fausse foi dans la foule qui ne voit en lui qu’un magicien ou un thaumaturge, l’incrédulité chez beaucoup. Le miracle n’apparaît donc ni comme une preuve ni comme le moyen privilégié de communication de Jésus.
Alors à quoi servent les miracles de Jésus ? Avant tout, ce sont des signes de qui est Jésus et une invitation à croire. Le pas de la foi reste à faire. Dieu veut que nous placions notre confiance en lui, il ne veut pas s’imposer à nous, même par un miracle. Car si les miracles ne sont pas nécessaires, ils ne produisent pas non plus automatiquement la foi, or Jésus nous appelle à la foi. Cependant, l’autorité de Jésus transparaît à travers ses miracles. Même pour celui qui mettrait en doute la réalité matérielle des miracles, il est impossible de nier leur sens spirituel.
Jésus nourrit la foule en multipliant les pains pour montrer qu’il est celui qui peut et veut nous rassasier spirituellement ; il ouvre les yeux de l’aveugle pour montrer qu’il peut et veut nous faire voir notre vie telle qu’elle est réellement et nous faire voir Dieu ; il fait marcher les boiteux pour montrer qu’il peut et veut nous libérer de tout ce qui nous empêche d’avancer dans notre humanité ; il marche sur l’eau pour démontrer qu’il a l’autorité et la puissance pour accomplir ce qu’il promet.
Et aujourd’hui ?
Jésus est toujours le même : le miracle est toujours possible. Mais jamais Dieu ni Jésus ne promettent un miracle automatique, la guérison à tous les coups par exemple (même pendant son ministère terrestre, Jésus a laissé des malades en Israël). Jésus nous a acquis à la croix la rédemption finale de notre corps mais nous l’attendons encore. C’est aussi cela l’espérance que nous avons en Christ, la marche par la foi. Face à la maladie nous sommes appelés à prier et à faire confiance à Dieu. Le plus grand miracle reste donc celui du salut, c’est là que Jésus déploie pleinement sa toute-puissance : par amour, au moyen de la grâce, il transforme des hommes condamnés par la justice divine en fils adoptifs de Dieu !
Philippe